jeudi 18 décembre 2014

Chronique d'une mort annoncée

Qu’on le veuille ou non, tout le monde passera par là un jour ou l’autre. Dès que l’on vient au monde, la fin commence; c’est inévitable. Mais entre le début et la fin, il y a beaucoup d’apprentissage, de belles découvertes, de bonnes choses à vivre. Mais, aujourd’hui, en ce 18 décembre 2014, je me demande si les générations montantes ne vivront pas en zombie.

Plus nous avançons en âge, plus on sait que le chemin se terminera bientôt, plus on essaie de s’y préparer. Mais peut-on se préparer à voir nos enfants, leurs enfants, les enfants de leurs enfants s’éteindre à petits feux quand aucune maladie ne les afflige? J’ai de profonds doutes.

Je doute profondément des compétences du ministre de l’éducation provinciale, Yves Bolduc. En tant que médecin laisserait-il son patient crevé sans avoir tout essayé pour le sauver et épargner quelques sous? Son serment d’ Hypocrate l’en empêcherait. En étant « ministré », il a prêté serment de bien servir le peuple québécois et de bien gérer ce qui lui était confié. Ce serment en est-il un d’Hypocrite ?

La réforme qu’il prépare en éducation me laisse un goût amer dans la gorge. Comme si une pomme gâtée s’était glissée dans la compote. Grâce aux dernières compressions budgétaires, il y a moins de services offerts dans les écoles aux élèves en ayant cruellement besoin. Est-il normal qu’une école ne puisse payer une orthophoniste ou des éducateurs spécialisés à temps plein ? Ce n’est pas suffisant semble-t-il. Selon son projet, les écoles devront augmenter les ratios dans les classes, intégrer de force  les enfants différents avec les réguliers sans offrir de support adéquat aux professeurs et aux enfants. Je n’ai rien contre l’intégration des enfants affligés d’handicap avec les autres tant que faire se peut; mais ou est l’avantage si en bout de ligne tous les enfants en sortent perdants par manque de temps ?

En écoutant le projet de réforme, j’ai l’impression de vivre dans un film classé Médiocre. Le titre du film n’est pas « Retour vers le futur » mais « Retour en arrière ». Ce passé que les Québécois veulent derrière et non plus devant. Il a fallu 50 ans pour que le Québec soit dans le peloton des lieux les plus scolarisé mais si ce projet voit le jour, il n’en faudra pas autant pour retourner dans l’obscurantisme.

Notre ministre oublie que l’avenir appartient aux enfants. Quel avenir se dessine pour eux s’ils ont reçu une instruction déficiente  Certains seront plus chanceux que d’autres n’ayant aucune problématique d’apprentissage mais quand sera-t-il pour les moins chanceux. Comment éviterez-vous le décrochage scolaire ? Vous dites vous battre contre le décrochage mais ce que je vois dans votre projet : un nombre accru de décrocheurs au niveau primaire. Comment leur donnerez-vous le goût de donner le petit plus pour réussir quand vous n’arrêtez pas de leur mettre des bâtons dans l’engrenage en coupant l’aide et les outils dont ils auront besoin? Comment guérirez-vous les « burn-out » prévisibles qui affligeront le corps professoral ? En temps que mère, je sais comment peut être demandant un enfant différent pour une simple famille, c’est beaucoup de temps à lui consacrer au détriment, malheureusement, des autres. Comment pensez-vous que les professeurs s’y prendront pour gérer, discipliner, instruire leur classe si vous alourdissez encore plus leurs tâches? Seriez-vous un père absent laissant reposer sur les épaules de votre conjointe les soins et l’éducation de vos enfants pour penser à une telle forme de réforme?

Je ne mets pas en doute votre sens du travail, du devoir et le but à atteindre, le déficit zéro mais pourquoi sur le dos des enfants ? Je doute de votre jugement. Après avoir dit que les livres n’étaient pas important et être revenu sur vos dires; je suis encline à penser que présentement vous nous jetez de la poudre aux yeux en disant que ce ne sont que des idées, qu’il ne faut pas crier aux loups. Connaissez-vous l’adage : « Mieux vaut prévenir que guérir » ???

Le gouvernement fédéral conservateur coupe dans la culture et vous, vous voulez couper dans l’instruction. À vous deux, vous écrivez la chronique de notre mort, vous nous l’annoncez avec le sourire en plus. Un peuple inculte est un peuple mort. Vouloir gouverner des zombies, je ne m’y prendrais pas autrement, Mr. Le Ministre.

Les banques font des milliards de profit avec l’argent des contribuables surtaxés, un petit effort de plus de leur part ne les mèneraient pas à la banqueroute. Réclamer l’argent que des « M’as-tu vu! » vous ont escroqué en gonflant leurs contrats avec votre assentiment tacite. Pénalisez monétairement ceux qui ne respectent pas les contrats que vous avez signés. Jeter aux ordures la mentalité d’aider « les amis du parti »; regarder bien comment CES amis vous oublient vite quand ils n’ont pas ce qu’ils désirent. Arrêtez d’écouter tous les lobbyistes qui fourmillent dans votre entourage. Ce sont toutes des pistes pour mener à votre déficit zéro et qui n’affecteront pas l’avenir de nos enfants.

Usez du GROS BON SENS; est-ce trop vous demander ?

Bonne réflexion
Raymonde Ménard, déc. 2014