C'est bien dans parler, de sensibiliser les gens à la réalité des autistes. Il n'y a pas qu'au mois d' avril ou il faut en jaser.
Malheureusement, il me semble que nous donnons des coups d'épées dans l'eau quand on lit certaines personnes désobligeantes et intolérantes faces aux différences. Doit-on tout leur pardonner après qu'ils aient dit: " Désolé, je ne savais pas" ?
Dernièrement, une personne imbue d'elle-même, à laisser ce message sur une page Spotted Facebook:
" #795 spotted au gars qui fume des clopes usagées et qui se promène en vélo .. oui , y'a surement un problème mental , mais j'comprend pas pourquoi y'a fckall personne qui le watch ?! y parle au étranger pi des fois y peut devenir violent tbnk faite de quoi !"
Tellement facile de juger sans savoir, hein Mr/Mme ! Je vous défie de prendre sa place pour 24 heure et pendant ce temps quand diriez-vous si les gens autour de vous s'amusaient à vous juger, à vous mettre à l'écart, à vous bousculer ???
Qu'est- ce qui serait chambouler dans votre vie si vous croisiez mon fils autiste à l'épicerie ou au centre d'achat et qu'il se mettait à giguer, sautiller tout en se frottant les mains pour chasser le trop plein de stimuli causer par les conversations, la musique et le bruit ? C'est sa manière à lui de gérer tout ça. Votre manière à vous: gueuler! Lequel des deux est le plus intelligent ?
Qu'est-ce qui serait chamboulé dans votre vie si vous croisiez mon fils autiste et qu'il vous réponde en ne vous regardant pas directement ? Regarder directement dans les yeux lui donne le sentiment d'être envahi mais il répond. Votre manière à vous: sacrer derrière un clavier. Lequel des deux est le plus intelligent.
Qu'est-ce qui serait chamboulé dans votre vie si vous croisiez mon fils autiste et qu'il vous disait tout bonnement que votre coupe de cheveux ne vous va pas du tout ? L'autiste n'a pas de filtre, il ne ment pas même pour plaire, il dit ce qui est et passe à autre chose. Votre manière à vous: dénigrer, rabrouer, insulter et tout cela dans le dos de la personne concernée. Lequel des deux est le plus intelligent ?
Qu'est que cela dérange dans votre sacro sainte vie les gens ayant un handicap visible ou non, les gens plus gros, plus petits, les gens qui s'habillent hors norme. Vous aimez tellement être comme les autres, les soi-disant bien pensant, les intellos nombrilistes, les me-moi-je. Vous aimez trop votre petit confort sur fait, stéréotypé, presque aseptisé qu'il ne faut surtout pas venir déranger. Ce serait trop dangereux pour votre petite personne de vous remettre en question. Vous criez tellement fort que vous n'êtes pas comme tout le monde que vous ne vous rendez même plus compte que vous n'êtes qu'une pâle copie réfléchissante du miroir de la société.
Les autistes n'ont pas ce problème de perception; ils savent exactement qu'ils ne sont pas comme tous et chacun. D'un autiste à un autre, ils ne sont pas pareils. Ils ont certes quelques manies envahissantes mais il est tellement facile de les ramener avec nous quand on prend le temps de les comprendre et de les aimer tel qu'ils sont.
Donc, Mr/Mme spotteur, je vous souhaite de vivre le quotidien, pendant 24 heures, d'une personne différente et vous verrez qui sont les gens heureux malgré tout, heureux quand personne ne les repousse, heureux de partager quand on leur permet, heureux de faire leur part dans la société si on leur donne la chance. Malgré les aléas de leurs vies, ils savent garder la tête haute.
Ils méritent notre respect mais pas vous! Car le respect se mérite.
Félicitations au frère du jeune autiste qui l'a si bien répondu à l'ignare et ce avec classe. Voici sa réponse:
"
Quelques petites
choses se doivent d’être mises au clair…
Tout d’abord, le « gars au problème mental » s’appelle
Olivier, au cas où vous vous le demandiez.
Olivier, pour tout
dire, est autiste. Oui, on lui a dit des centaines de fois de ne pas fumer des
mégots de cigarette. Non, il n’est pas violent, s’il l’est, c’est qu’il l’est
DEVENU et a donc été provoqué.
Olivier se parle tout
seul, parce qu’il est dans son monde, dans un corps duquel il est prisonnier,
qu’il, comme tout le monde, n’a pas choisi, mais qui comporte des erreurs de
fabrication. Prisonnier est le mot juste, car vous savez quoi ? mon frère le
sait qu’il est autiste, il le sent qu’il est traité différemment, il le sait qu’il
n’a et n’aura jamais les mêmes libertés que ma sœur et moi et de surcroit, que
vous.
Olivier aimerait bien
avoir une blonde : il ne peut pas.
Olivier aimerait bien
pouvoir aller dans les bars, comme pour ses 18 ans : il ne peut pas.
Olivier a une passion
pour tout ce qui touche les voitures et aimerait pouvoir conduire comme son
grand frère : il ne peut pas.
Olivier aimerait
pouvoir gérer ses finances personnelles : il ne peut pas.
Olivier aimerait … :
il ne peut pas.
Dans sa malchance,
mon frère est ce que l’on appelle « un autiste de haut-niveau », c’est-à-dire
qu’il peut parler et faire à peu près tout normalement, excepté que des
autistes de haut-niveau, il y en a peut. Mon frère dit souvent : « J’aime pas
les autres handicapés parce qu’ils ne parlent pas ». Il est le mouton noir,
même avec les siens.
Olivier veut des amis
qui lui parlent et le comprennent : il ne peut pas.
Olivier veut faire
comme tout le monde, sortir de chez lui sans avoir à demander la permission,
vagabonder en liberté toute la journée : on veut l’enfermer.
Mon frère s’est fait
percer les pneus de son vélo à au moins huit (8 !) reprises l’an dernier, il se
fait dire des bêtises par des gens qu’il ne connaît absolument pas et
par-dessus le marché, on lui fait sentir qu’il devrait être enfermé chez lui,
reclus de la société. On laisse nos chiens sortir dehors, mais un autiste n’a
pas le droit de faire du vélo ?!
Vous ne savez pas la
quantité d’efforts et de frustration qu’a pu vivre ma famille. L’isolement qui
s’est formé parce qu’on ne voulait pas nous inviter à souper dans la famille.
Des sorties en famille qui se sont soldées en crise de larmes et en regards
indiscrets de la part des passants : on connait. En fait, des sorties en
famille, on en a eu bien peu et les seules que nous avons eues à vrai dire,
elles se sont déroulées durant les trois maigres jours par mois, voire deux
mois où il allait passer une fin de semaine à Cité-Joie.
Des plans
d’intervention pour qu’il ne fume pas de mégot, qu’il soit poli avec les étrangers,
qu’il ne touche pas aux voitures lorsqu’il les regarde, etc. mes parents et ses
éducateurs en ont fait des tonnes et des tonnes pour qu’il puisse, par
lui-même, se faire une petite place parmi les autres.
Mon frère, malgré
tous ses efforts, n’a aucune place dans cette société, puisque personne n’est
prêt à lui en faire une… On préfèrerait ne pas le voir.
Olivier dit parfois
qu’il voudrait se suicider et pourtant, on serait porter à penser qu’il ne sait
pas ce que cela veut dire, mais laissez-moi vous dire une chose : mon frère
n’est pas idiot, ce que vous pouvez lui dire, il peut aussi le comprendre et la
douleur qui l’habite et qui le porte à dire de telles paroles se devrait d’être
prise au sérieux. La plupart du temps, on doit lui dire qu’il ne peut pas faire
comme les autres : il ne crie pas parce qu’il est contrarié, mais parce qu’il
sait que c’est sa maladie qui l’en empêche.
Mais bon, vous pouvez
toujours vous boucher les yeux, les oreilles et parler sans savoir. De notre
côté, nous allons lui mettre un collier étrangleur et pourquoi pas un bracelet
électronique et des menottes, quitte à le rendre prisonniers de sa tête et de
sa maison…
N.B. Je remercie tous ceux qui l’ont défendu ici et qui,
selon toute vraisemblance, savent faire preuve de jugement.
Le pire c'est que
ceci n'est qu'une bride de la réalité " (sic)
